À cette époque on écopait

En effet, ce n'est pas une deltic. J'ai des difficultés dès que je sors de l'hexagone.

Nous avons chacun nos zones de confort!

Pour l'historique de la prise d'eau de Léry-Poses, je vais me contenter de citer le passage d'article du N° spécial 113 de la revue le train sur la ligne Paris - Le Havre
"Utilisée dès le 3 Juin 1930, cette installation comportait une rigole large de 50 cm et haute de 16 cm, remplie d'eau, placée entre les rails sur 536 m, dont 440 m en palier et dont chaque extrémité était en pente de 3 % sur 48 mètres.
Un château d'eau d'une capacité de 300 m3 puisait l'eau dans l'Eure, toute proche.
Elle permettait aux "Pacific" de récupérer 10 m3 d'eau en 36 secondes, à une vitesse comprise entre 60 km/h et 80 km/h, grâce à une écope équipant les tenders 22000 Etat.
Cette installation fut démontée en 1966 au moment de l'électrification de la ligne, sauf le château d'eau qui en était longtemps resté le dernier vestige avant d'être détruit en 1978.
Un élément de le rigole de Léry-Poses est présent à la cité des trains de Mulhouse"

Allez, encore un peu de lecture... Extrait de la revue "Correspondances (n°7), le témoignage de
Paul Duchi, ancien mécanicien sur 231 D et G qui donne des détails intéressants sur le système.

Dans les années 50/60, il reste deux endroits sur la région Ouest où les locomotives peuvent prendre de l'eau en marche : Lery-Poses sur la ligne de Rouen, entre St-Pierre et Pont de l'Arche, et Arnières-sur-Iton entre Evreux et Conches (il s'agit bien d'Arnières et non d'Asnières, dans la proche banlieue "3e rail" !). La première rigole fait 490 met la seconde mesure 450m. Constituée d'un bac posé sur une partie de voie en palier et alignement droit avec une légère pente à l'entrée et à la sortie ; ce bac présente une largeur de 50 cm avec une hauteur d'eau, lorsqu'il est plein, d'environ 15 cm après un écopage. Il faut prévoir un délai de 5 mn entre deux écopages, lorsque deux trains se suivent sur la même voie à distance de canton. En ligne, le site est annoncé aux mécaniciens par un signal éclairé la nuit de forme carrée avec inscription "BAC à 500 m", puis un panneau noir avec la lettre blanche "C" indique le début du bac un autre, comportant la lettre "F" indique sa fin. Montée sur le tender, la commande de l'écope est assurée par une barre assez grande, fixées à l'extrémité haute, deux chaînes terminées par deux poignées. Ce levier agit sur un volet qu'il ouvre lorsqu'on le pousse à fond. Pour remonter l'écope, on tire ferme sur les poignées - il faut s'y mettre à deux ! Durant la prise d'eau, le chauffeur surveille la montée de l'eau et le mécanicien observe le panneau "F" de fin de bac. Page de gauche : Les Pacific État ont été les ultimes machines à employer la prise d'eau en marche (Photo:C. Nicollier). Suivant les besoins en eau, on peut descendre l'écope bien après le panneau "C" de début d'écope ! Durant la prise d'eau en marche, la vitesse du train doit être comprise entre 40 et 80 km/h. Le système d'écopage a été modifié et s'est amélioré au fil du temps. Suite à un accident - le levier ayant basculé vers l'avant - un mécanicien a eu un oeil crevé. Les leviers ont alors disparu, remplacé par une manivelle, comme les freins à main montés sur les tenders. Avec ce système, la prise d'eau était plus facile. En fait, la manoeuvre pour prendre de l'eau en marche était la suivante : ranger les outils, pelles, marteau, ouvrir les trous d'hommes gauche et droit, et tourner la manivelle au bon moment. La montée de l'eau dans le tender est très rapide. Il ne faut pas attendre que le niveau de l'eau soit arrivé en haut car le temps de remonter l'écope, il y a débordement. Et lorsqu'il y a débordement, l'eau jaillit par les deux trous d'homme et monte jusqu'au toit de l'abri ! Au sol de la cabine de la locomotive, il peut alors y avoir jusqu'à 40 cm d'eau... ça ne dure pas, mais c'est... rafraîchissant ! Pendant la guerre, il y a eu des Allemands de lavés de cette manière. On piégeait aussi, quelquefois, des stagiaires, histoire de rigoler un peu ! En fait, je n'utilisais pas la prise d'eau en marche sur les trains réguliers. Les trains qui l'utilisaient étaient les trains transatlantiques. Ils étaient soit "directs Le Havre" ou avec arrêt à Caen pour Cherbourg. Ces trainslà prenaient de l'eau dans la "rigole' : Je préférais rouler à 120 km/h, prendre 2 à 3 minutes d'avance et faire une prise d'eau à la grue lors d'un arrêt. Les trains assurés par le dépôt de Paris-Batignolles étaient les suivants : 315-314 Cherbourg, 115-106 Le Havre, 143- 138 Rouen, 161-162 Dieppe, 4111-4112 Rouen, 4103-4104 Rouen Messageries, l'été 381-384 Trouville.

Paul Duchy était un mécanicien bien connu sur les grandes lignes de la Normandie, une "figure" des Batignolles comme il en existait dans les grands dépôts.
On peut le voir ci-après sur une G. C'est pas tout le monde qui a son portrait dans la VdR.


Il m'a semblé reconnaître une toute petite erreur dans les chiffres cités par Claude, juste une histoire de "pour mille".

Exact pour la pente à 3%...

Je viens de vérifier, c'est pour %

C'est sans doute la forme du bac plutôt que le dénivelé de la voie...

Je le pense aussi puisqu'il parle des bacs !

Non, c'est bien 3‰. Et la voie au niveau des rigoles est en parfait palier. On savait déjà faire ça chez les égyptiens il y a5000ans
Voir sur les plans page précédente où il est question de 1/360ème sur 54m, donc 2,7‰, ce qui nous fait un dénivelé de 145mm si ma calculette ne se trompe pas.

Pour compléter le sujet des diesels à écope... Repère 21 pour la prise d'eau en marche sur le dessin.

Et ça marche dans les deux sens, forcément.

Certainement, même si le dessin de l'écope est asymétrique...

Moi qui croyais que c'était pour l'eau des WC !

C'est vrai, ça aurait pu... les toilettes sont au repère 31. Les diesels anglais de ligne avaient généralement cet équipement, un confort inconnu chez nous.

Jean Rémy a écrit: un confort inconnu chez nous.

Si l'ergonomie avait été le premier souci des anciennes compagnies et de leur héritière, ça se saurait.

Salut à tous,

Et on salue le retour de Dark Vapor dans ses foyers.

Donc , on continue sur le sujet avec cette oeuvre hivernale réalisée par un artiste inconnu. La fumée, toujours difficile à représenter, tout comme les nuages, est particulièrement réussie.
Il faut dire que chez nos amis anglais, le chemin de fer est culturel.
Dans ces périodes, le coin doit être un peu verglacé!


Puis une question que je me pose au sujet de l'image suivante du PRR aux States  où l'on constate la sinuosité de la ligne.
Apparemment, il y quand même du dévers. Mais comment font-ils pour incliner le niveau de la rigole?
Enfin, j'ai retrouvé en révisant un de mes vieux gris noirs de 1891, un paragraphe sur les rigoles alors que nous n'en avions pas encore chez nous:

Content de savoir que Dark Vapor est rentré au dépôt! Pour les bacs en dévers du Pennsylvania, ils ont dû utiliser le système de l'abreuvoir oblique à dahus...

Tu m'as coupé l'herbe sous l'pied JR...je venai de retrouver les mêmes sources (d'ailleurs ça coule de ....)

Je crois que les Suisses utilisaient ce système pour leurs lignes à forte pente... Il suffit de remplir le bac suffisamment vite pour compenser l'écoulement d'eau provoqué par le dévers et de récupérer cet écoulement dans une sorte de circuit fermé pour remplir à nouveau le bac. Le brevet a été déposé par un ingénieur bavarois, Friedrich Von Da Hut....

Mais non… il suffit de mettre de l'eau lourde en bas et de l'eau légère au dessus

Ça c'est la méthode scandinave...

La méthode scandinave c'est le bac à glaçons ,tu écopes la glace et tu remplis direct la chaudière pour la fondre